En vélo à travers l’Europe

Une Thouaréenne au Cap Nord :
Est-ce que ses premières expériences avec l’échange de jeunes à Homberg l’ont inspiré (années 2008-2010) ? Marie Cadoret a entrepris un fantastique voyage à vélo de Nantes au Cap Nord avec son conjoint au cours de l’été 2023. Un long voyage qui a bien sûr fait une halte à Homberg chez Friederike Feyh (ex présidente du comité de jumelage à Homberg). Cette magnifique épopée cycliste dépasse bien sûr le jumelage entre Thouaré et- Homberg, mais symbolise l’ouverture européenne des échanges de jeunes développés entre nos deux cités depuis plus de 40 ans.

Bonne lecture !

Et pour les localiser en temps réel : https://www.polarsteps.com/MarieCadoret1/7816787-europe-by-marie-loic

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FRANCE 1/2 – LOIRE A VELO – de Thouaré-sur-Loire le 22 Mai à Orléans le 27 Mai

Nous partons de la rue du Port, à deux pas de l’eau. Les parents de Marie nous accompagnent sur les premiers kilomètres.
La Loire est un fleuve mystérieux. Apparemment calme, elle est pourtant d’humeur changeante : jamais de la même largeur, parfois elle remplit fièrement son lit, parfois il faut la deviner entre les îles que composent ses bras. Tantôt paisible, tantôt tumultueuse, elle abrite toujours une faune bien vivante. A mesure qu’on la remonte, on découvre les ouvrages – techniques et artistiques – que les hommes et les femmes de chaque époque ont installés à ses bords et au-dessus, parfois toujours en activité, parfois abandonnés laissés là comme faisant partie de ce paysage vivant.
On la remonte comme on remonte la mémoire de quelqu’un. Outre la vie sauvage abondante, la vie humaine s’y développe avec son savoir-faire et ses traditions. Ainsi, les troglodytes dont on a extrait la pierre des maisons et des châteaux servent aujourd’hui au travail des vignes qui donnent des vins prestigieux.

FRANCE 2/2 – A TRAVERS CHAMPS – d’Etampes le 29 Mai à Metz le 6 Juin

Après un détour au Sud de Paris pour célébrer le centième anniversaire du grand-oncle de Loïc, nous reprenons notre route vers le Levant. La tristesse de quitter les bords rafraîchissants de la Loire ne dure pas longtemps, car on retombe vite sur les traces d’un autre fleuve, la Seine. Longer un cours d’eau est une routine confortable. Ici la nature est moins sauvage, plutôt cultivée. Les châteaux ont laissé place à d’étranges forteresses de béton que sont les silos à grain. De vastes étendues de céréales les entourent, produisant d’immenses toiles abstraites d’or et de vert, brassées par les vents.
La vie humaine est moins dense et à défaut de camping, les mairies nous laissent dormir tantôt derrière la salle des fêtes, tantôt dedans.
Un autre monde encore s’offre à nous lorsqu’on approche de la Loraine. Les trajets se font plus vallonnés et les villages redeviennent villes, puis métropoles puisque Nancy et Metz croisent notre chemin. Nous découvrons ces villes dont on ne sait rien d’autre que leur emplacement sur la carte. On choisit de rester quelques jours à Metz, après seulement deux semaines de vélos, pour prendre le temps de visiter. Le centre-ville aux couleurs sable est morcelé en plusieurs petites îles que découpent la Moselle et la Seille. La ville, fondée par un peuple celte, rayonne depuis toujours dans la région par son commerce, sa puissance politique et aujourd’hui culturelle avec l’arrivée du centre d’art Pompidou. Ce musée, réalisé par l’architecte japonais Shigeru Ban, est aussi l’occasion pour Loïc d’admirer le travail d’une de ses premières idoles du métier.

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ALLEMAGNE 1 – LA PREMIÈRE FRONTIÈRE – de Metz le 13 Juin à Frankfurt le 17 Juin

Nous quittons finalement Metz et reprenons la route plein Est. Nous croisons un premier panneau de signalisation en allemand, quelques tours de pédale après avoir franchi un banal tunnel pour cyclistes et piétons. C’est ainsi que nous franchissons notre première frontière, sans même nous en rendre compte. Nous nous réjouissons de connaître l’espace Schenghen, quand d’autres à travers le monde risquent leur vie pour un tel exercice.

Ce moment est très excitant, c’est la première fois que nous atteignons une frontière à la seule force de nos jambes. D’autre part c’est comme si l’aventure débutait vraiment, pour Loïc l’inconnu d’une nouvelle langue, d’une nouvelle culture, et pour Marie le plaisir de replonger dans le bain d’une Allemagne déjà maintes fois visitée. Dans un avenir proche nous envisageons même de nous y installer pour toute une année, le voyage appelle le voyage.

Pendant les premières dizaines de kilomètres nous jouons à repérer chaque petite différence avec les paysages français que nous connaissions jusqu’alors : les trottoirs en pavés, les usines en acier, de nouveaux codes esthétiques avec de nombreuses couleurs. Bien sûr il y a aussi la culture de la bière, davantage avec l’arrivée des beaux jours, et nous nous prêtons au jeu dans un Biergarten au bord d’un lac.

Frankfurt est la première très grosse ville que nous croisons en Allemagne. Nous y traversons un impressionnant quartier de gratte-ciels, à la Wall Street, nous faisant lever le regard. C’est aussi ici qu’on dort chez Fedor, notre premier hôte de Warmshower (un réseau d’entraide entre cyclistes).

ALLEMAGNE 2 – LE JUMELAGE – de Frankfurt le 17 Juin à Bad Zwesten le 20 Juin

Le 18 Juin, nous arrivons à Homberg/Ohm, où Friederike et son mari Harald nous accueillent. Ils sont tous deux très investis dans les activités du comité de jumelage depuis de nombreuses années, et Marie avait déjà croisé leur chemin à quelques occasions. Nous passons deux nuits chez eux, et partageons de délicieux moments à discuter et à réveiller de vieux souvenirs, tantôt en allemand tantôt en français. On se sent ici comme chez nous, par la chaleur de leur accueil, et aussi de manière amusante, par la quantité d’objets bretons qui décorent leur maison. Une expédition dans les rues de Homberg rappellera de bons moments à Marie, lors de précédents échanges ou anniversaires du comité.

ALLEMAGNE 3 – LE TEMPS DES ORAGES – de Kassel le 21 Juin à Goslar le 25 Juin

Après avoir roulé sous un ciel toujours clément depuis le départ, parfois écrasant de chaleur, nous accueillons avec bienveillance la pluie qui vient rafraîchir la journée. Les premières gouttes tombent à Kassel, une ville surplombée par une statue monumentale de Hercules perchée en haut d’un mont.

Le temps est lourd et l’orage finit par nous rattraper après une course-poursuite effrénée. On inaugure nos combinaisons intégrales contre la pluie. Elles nous protègent bien, mais lorsqu’à Göttingen une passante (Fiona) nous offre l’hospitalité, nous n’hésitons pas pour autant. Tant pis pour les kilomètres supplémentaires qu’on aurait aimé parcourir ce jour-ci, il faut s’adapter. Le lendemain, une grosse journée nous attend, et on arrive finalement à la tombée de la nuit à Dörnten, où les petits-cousins de Marie et leur père Carsten nous accueillent pour le week-end.

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FINLANDE – HELSINKI – du 4 au 8 Août 2023

Y a-t-il voie plus royale pour des bretons que d’arriver à Helsinki par la mer ? Enfin les pays nordiques ! Nous avions à cœur de traverser et découvrir tous les pays du voyage mais il y a quelque chose qui nous attire particulièrement ici. Peut-être sont-ce les grands espaces sauvages, ou la vie qui semble meilleure chez ces lointains voisins du Nord. Il est intéressant de constater les différences de point de vue avec les autres voyageurs que nous rencontrons : la plupart d’entre eux aura préféré rester plus longtemps à Tallin qu’à Helsinki. Au contraire la capitale finlandaise nous émerveille, notamment par le paysage maritime qui l’entoure, ponctué d’îles sauvages. On regrette de ne pas pouvoir rester une semaine de plus pour visiter chaque musée, explorer chaque île, chaque café ou restaurant qu’on nous a conseillé… Nous faisons tout de même trois jours de visite intensive et riche. On continue notre pèlerinage architectural avec le travail d’Alvar Aalto, grande figure du pays, en visitant son atelier et en admirant ses nombreux ouvrages dans la capitale finlandaise.

FINLANDE – REGION DES LACS – de Mantsälä le 8 Août à Jyväskylä le 14 Août

Nous prenons ensuite la route qui va droit au Nord, par les terres plutôt que de suivre la côte. La région des lacs est vraiment merveilleuse. Ces étendues d’eau, qui ponctuent l’immense forêt de pins, se multiplient et on ne sait plus trop si ce sont elles qui nous entourent ou nous qui les traversons. La route n’est plus qu’une fine bande de terre qui passe d’île en île, entouré d’eau à perte de vue. Après plusieurs jours nous arrivons à Säynätsalo (région de Jyväskylä). Sa mairie, la raison de notre passage ici, est l’une des œuvres les plus connues de l’architecte finlandais dont nous suivons la trace. Le bruit court que les finlandais sont des gens réservé et froid, mais en réalité nous avons eu plus d’interactions ici que depuis le début du voyage. Ce sont des gens bienveillants, curieux et souriants. Un couple nous offre même l’hospitalité en nous proposant de dormir sur leur bateau. Avec un peu de nostalgie déjà, nous quittons cette belle région en train (indispensable pour respecter nos délais) jusqu’à Seinäjoki, à deux coups de pédale de la côte.

FINLANDE – COTE BALTIQUE – de Seinäjoki le 14 Août à Rovaniemi le 26 Août

On commence à reconnaître l’écriture d’Alvar Aalto et à apprécier la richesse de son vocabulaire architectural. C’est d’autant plus appréciable ici où il a pu constituer tout un ensemble urbain avec l’église et son campanile iconique, la mairie en céramique bleu nuit, la bibliothèque et sa récente extension, le théâtre et les bureaux en arrière-plan discret. Notre route continue en longeant la mer, et bien que nous roulions un peu à distance de l’eau, le soir nous la retrouvons pour camper. Ici l’accès à la nature est facilité par des « laavu », petites cabanes en bois qu’on retrouve un peu partout, accompagnées d’un espace pour feu de camp, d’un stock de bois et de toilettes, ce qui nous offre un confort non-négligeable quand il faut enchaîner les nuits dehors. Parfois il faut crapahuter près d’un kilomètre dans la forêt pour en rejoindre un, mais cela vaut bien la sérénité que l’on y trouve. Bien que cette région du pays ne soit pas inhabitée, nous croisons moins de monde et la solitude se fait un peu ressentir. Aussi quand nous tombons par hasard sur une ville en fête (concert, marché artisanal, jeux pour enfants…), nous faisons le plein de sociabilité en discutant avec de nombreux habitants, intrigués par nos vélos. Nous rejoignons finalement une grande ville, Oulu, où nous sommes hébergés par un couple de cyclistes finlandais. Cette halte est pour nous l’occasion de mieux comprendre la culture locale auprès de nos hôtes, et également de profiter de notre premier sauna ! Puis nous reprenons la route vers Kemi, où notre chemin bifurquera à nouveau vers les terres pour rejoindre le cercle polaire Arctique à Rovaniemi.